Le 7 décembre se tenait à Lyon le dernier Comité de Pilotage du Projet Cacao Forest. Ce fut l’occasion de revenir sur les réalisations, les résultats et les apprentissages de ces 7 années de recherches en République Dominicaine.

A l’origine du projet

Coordonné par Earthworm Foundation et le Cirad, Cacao Forest est né d’une alliance inédite entre chocolatiers français* et institutions de recherche et d’enseignement supérieur**, avec le soutien de l’Agence Française de Développement et du fonds de dotation Terra Isara.

Cette initiative, mise en œuvre en République dominicaine, premier producteur mondial de cacao bio, visait à augmenter le revenu des producteurs et garantir la qualité et la pérennité des approvisionnements en fèves de cacao via l’agroforesterie.

En 2016, Cacao Forest s’est engagé dans une collaboration fructueuse avec des producteurs dominicains réunis autour de 3 coopératives (CONACADO, COOPROAGRO, FUNDOPO) en partenariat avec les institutions locales impliquées dans la filière cacao, tant publiques (Ministères de l’Agriculture et de l’Environnement, Centre de Recherche IDIAF, Université UASD) que privées (Commission Nationale du Cacao, Universités ISA, UNEV, et PUCMM, Fondation FUPAROCA) pour concevoir ensemble des modèles agroforestiers durables en alternative aux systèmes existants.

Plus de 1 900 producteurs étaient visés par le projet.

Quatre modèles de culture agroforestière du cacaoyer ont été conçus par les producteurs dominicains puis testés (de 2018 à ce jour) sur un réseau expérimental de 54 parcelles créées en conditions paysannes réelles chez 35 producteurs et dans 3 sous-régions, couvrant une superficie expérimentale de 13,5 hectares suivis et évalués au quotidien pendant plus de 3 ans.

 

Vérification des différentes variétés de cacao mises en œuvre dans le cadre du modèle agroforestier numéro 2.

 

Les impacts de l’agroforesterie sur les revenus et la biodiversité

Les résultats montrent des avantages notables tels que l’augmentation des revenus des producteurs (de moins de 2’000 $US par hectare et par an à plus de 7’000 $US selon les modèles), une meilleure gestion de la biodiversité cultivée, et la diversification raisonnée des sources de revenus pour les agriculteurs impliqués.

Plus de 70 plantes cultivées avec le cacaoyer ont été identifiées en République dominicaine, conduisant à un travail de sélection et de comparaison qui a permis de cibler six produits transformés et à forte valeur ajoutée, à base de fleur d’oranger amer, de sapotille, de fleur d’hibiscus, de gingembre, de curcuma, et de rocou.

 

Atelier d’élagage avec des techniciens des coopératives participantes et des jeunes de la communauté locale.

La formation des producteurs au cœur du projet

La formation des producteurs et des techniciens a permis d’améliorer les performances des cacaoyères (cacao et autres produits valorisés), mais aussi de rendre la culture du cacaoyer plus attractive pour les familles et les jeunes générations.

Une formation courte et appliquée en agroforesterie pour la culture du cacaoyer a également été construite avec l’université dominicaine UNEV.

 

Une transformation visée à plus grande échelle et des partenariats durables

Le projet Cacao Forest a travaillé à la construction, puis à la validation de ses modèles agroforestiers en collaborant de manière continue et étroite avec les acteurs locaux de la filière cacao.

 

Un agriculteur impliqué dans le projet Cacao Forest.

 

« La qualité des partenariats construits a abouti dès 2022 au choix des modèles développés par Cacao Forest par nos partenaires dominicains pour un projet national ambitieux de réhabilitation agroforestière de plus de 172’000 hectares de plantations dominicaines, baptisé PRACAO, » révèle Olivier Deheuvels, coordinateur scientifique du projet, et agroécologue au Cirad.

Etalé sur 12 années, ce projet né de Cacao Forest sera financé par un prêt de la coopération française (AFD) à l’Etat dominicain. Il est d’ores et déjà soumis au budget de l’état dominicain pour un démarrage en 2024.

« Ce nouveau projet permettra la réhabilitation des cacaoyères à travers le pays sur la base des modèles agroforestiers développés par Cacao Forest, avec un renforcement continu et la génération de bases scientifiques solides, le tout en mettant l’accent sur la résilience économique des familles, » déclare Sébastian Cardenas, coordinateur du projet Cacao Forest pour Earthworm Foundation.

Il permettra également au secteur cacao dominicain de s’adapter aux dernières normes et réglementations pour garantir une production responsable en cacao sur les marchés nationaux et internationaux, libre de déforestation et dans le respect du droit du travail.

L’un des modèles agroforestiers développés dans le cadre du projet Cacao Forest. © O. Deheuvels, Cirad.

 

Leçons apprises et appels à l’action

Cacao Forest met en évidence la pertinence d’une approche holistique multisectorielle pour renforcer la résilience du secteur du cacao et garantir un approvisionnement responsable, tant d’un point de vue social et économique qu’environnemental.

Le projet a ainsi ouvert la voie à une nouvelle ère de durabilité dans la filière cacao. Ces résultats prometteurs appellent à davantage d’investissements dans la recherche et le développement de systèmes agricoles pérennes pour les communautés paysannes et les écosystèmes cultivés.

* Valrhona, Ecotone, Weiss, Révillon, Voisin, Relais Desserts et Carambar & co
** Cirad, ISARA

 

Télécharger la plaquette de synthèse du projet.