L’agroforesterie est au cœur du projet Cacao Forest et il nous paraissait important de prendre le temps de vous présenter cette pratique plus en détail.

Présentation

L’agroforesterie est un mode de culture qui associe différentes espèces d’arbres et de végétaux, le plus souvent autour d’une espèce principale dans le but de créer un éco-système favorable à l’ensemble des espèces en présence.

Connu depuis la nuit des temps, c’est un mode de culture naturel. L’homme a vite compris l’intérêt de cultiver à proximité des arbres : pour l’ombrage qu’ils offrent, la protection contre le vent, la régulation de l’humidité, etc…. L’agroforesterie a été utilisée par de nombreuses populations différentes aux quatre coins du globe : que ce soit nos bocages normands, les jardins créoles aux Antilles, les systèmes agroforestiers hévéas en Indonésie (« jungle rubber ») ou les cultures de baies et les élevages des forêts finlandaises.

Puis, en particulier dans les années 1940-1960, l’homme a eu besoin d’étendre les surfaces cultivées tout en adoptant des pratiques agricoles plus intensives et des systèmes de culture simplifiés impliquant l’élimination des arbres. Aujourd’hui, il est admis que la déforestation massive des dernières décennies est, entre autres facteurs, une des causes du réchauffement climatique. En zone tropicale, l’expansion des terres cultivées a eu pour principal objectif de répondre à la demande croissante en divers produits agricoles (soja, huile de palme, caoutchouc, café, etc. ). Pour le cacao, par exemple, rien qu’en Afrique, la production est passée de 865.000 tonnes dans les années 1960 à 3 millions de tonnes aujourd’hui. L’expansion des surfaces cultivées en cacaoyers s’est ainsi fait au détriment des zones forestières qui ont, dans certains pays, quasiment disparues.

L’agroforesterie est au cœur du projet Cacao Forest

Récolte d’avocats dans une cacaoyère dominicaine

L’exemple du cacao

Dans son état naturel, en particulier en Amérique du Sud dont il est originaire, le cacaoyer pousse sous la canopée des grands arbres de la forêt équatoriale.

Dans de nombreux cas, les petits agriculteurs qui produisent du cacao fin ont conservé ces pratiques agroforestières. Quand ils veulent étendre leur cacaoyère, s’ils abattent des arbres, ils en conservent un certain nombre et en replantent pour pour reproduire le modèle agroforestier naturel, mais en plus simplifié.

D’autres modèles agro-forestiers

En Europe, certains systèmes agro-forestiers ancestraux se sont maintenus, comme les cultures en bocage ou le sylvopastoralisme : le bétail se nourrit directement dans les champs ou en alpage, ce qui permet l’entretien des parcelles et ne nécessite pas de cultiver du fourrage spécifique (sauf pour les périodes hivernales).

Les nombreux avantages de l’agroforesterie

L’agroforesterie est au cœur du projet Cacao ForestAu niveau agronomique :

Outre l’ombre qu’ils génèrent, les arbres maintiennent un taux d’humidité nécessaire à nombre d’espèces végétales. La décomposition de la litière permet de stabiliser les processus de recyclage de la biomasse et le cycle des nutriments. Ces processus permettent de maintenir, voire de restaurer la fertilité des sols par l’activité biologique et de réduire l’érosion.

La combinaison des différentes espèces permet de conserver un bon niveau de biodiversité végétale et animale. Dans les cacaoyères, les arbres structurent également des habitats qui abritent une biodiversité qui va favoriser la pollinisation. Bien gérés, ils permettent également une alternative raisonnée, fondée sur la régulation écologique, au contrôle chimique des bio-agresseurs.

Par rapport au changement climatique, l’avantage des systèmes agroforestiers contribuent bien plus que les modèles simplifiés au stockage de Carbone et réduisent les émissions de gaz à effet de serre.

Au niveau économique :

Cette biodiversité offre aussi, selon les espèces présentes un revenu complémentaire à l’agriculteur, tout au long de l’année. En effet, les fruits des arbres associés aux cacaoyers, et d’autres produits (écorces médicinales, bois, chenilles, huile et vin de palme par exemple)  peuvent être consommés par l’agriculteurs  et sa famille (et représentent ainsi une économie substantielle) et/ou vendues et représentent ainsi un complément de revenus.

Créer des systèmes agroforestiers équilibrés et performants n’est pas chose aisée : de nombreux paramètres agronomiques, écologiques, économiques et sociaux (en particulier le niveau de formation des producteurs) doivent être pris en compte pour éviter des dérives inattendues. C’est d’ailleurs tout l’enjeu du projet Cacao Forest, de tester différents modèles agro-forestiers associés au Cacao dans différentes régions de République Dominicaine. Et à ce jour, les premiers résultats sont très positifs, on vous en dit plus très bientôt !